Enfermés
— Pourquoi pleurent-ils ?
Demande l’oiseau immobile.
— C’est qu’ils sont confinés,
Répond l’autre enfermé.
— Oh ! les pauvres ! Tristesse !
Je les plains ! Quelle détresse !
— Pourquoi ? Il faut s’apitoyer ?
— Bien sûr ! Ils sont enfermés,
Toi et moi nous savons ce que c’est
N’es-tu pas, de leur sort, affligé ?
— Nous savons, oui, mais eux…
Il y a enfermé et enfermé.
— Je ne les vois pas heureux.
— Ils ne sont que confinés
Nous sommes séquestrés.
— Quelle est la différence ?
— Tu es né dans ta cage,
Tu mourras dans ta cage
Leur éternelle indifférence
Répondra à tes pleurs
Ils n’auront pour tes ailes
À jamais privées de ciel
Pas un serrement de cœur.
Derrière ces sombres barreaux
Tu vois la vie qui s’écoule
Moi, je me roule en boule
Et nous attendons le tombeau.
Eux peuvent encore sortir,
Respirer, vifs, l’air libre.
Toi, moi, sortir ? Jamais ! Sortir ?
Jamais. Dehors… libres ?
Jamais. Tes ailes, inutiles.
Ma crinière, belle, parfaite,
Mais, brise-cœur, tient tête,
Le mot à dire… inutile.
Nos vies, mon cher, inutiles.
Vois-tu, leur confinement,
C’est leur peur de la mort
Avec notre enfermement,
Il n’y a pas la peur de la mort,
Il y a le mot « enfer », celui
De la vie qui jamais ne luit.
Avant de pleurer d’être confinés
Ils devraient goûter le sort
Qui fait aimer et appeler la mort
Enfermés, séquestrés. Libres ? Jamais.
Cages aux balcons, zoos, labos,
Cirques… Bel oiseau aux barreaux
Pour tes geôliers, pleure crocodile
Ou pas du tout, mais de la pitié ? Inutile.
© Copyright Marjolaine PAUCHET