MARJOLAINE PAUCHET

Marjolaine PAUCHET

Confiné

Enfermés

 

— Pourquoi pleurent-ils ?

Demande l’oiseau immobile.

— C’est qu’ils sont confinés,

Répond l’autre enfermé.

— Oh ! les pauvres ! Tristesse !

Je les plains !  Quelle détresse !

— Pourquoi ? Il faut s’apitoyer ?

— Bien sûr ! Ils sont enfermés,

Toi et moi nous savons ce que c’est

N’es-tu pas, de leur sort, affligé ?

— Nous savons, oui, mais eux…

Il y a enfermé et enfermé.

— Je ne les vois pas heureux.

— Ils ne sont que confinés

Nous sommes séquestrés.

— Quelle est la différence ?

— Tu es né dans ta cage,

Tu mourras dans ta cage

Leur éternelle indifférence

Répondra à tes pleurs

Ils n’auront pour tes ailes

À jamais privées de ciel

Pas un serrement de cœur.

Derrière ces sombres barreaux

Tu vois la vie qui s’écoule

Moi, je me roule en boule

Et nous attendons le tombeau.

Eux peuvent encore sortir,

Respirer, vifs, l’air libre.

Toi, moi, sortir ? Jamais ! Sortir ?

Jamais. Dehors… libres ?

Jamais. Tes ailes, inutiles.

Ma crinière, belle, parfaite,

Mais, brise-cœur, tient tête,

Le mot à dire… inutile.

Nos vies, mon cher, inutiles.

Vois-tu, leur confinement,

C’est leur peur de la mort

Avec notre enfermement,

Il n’y a pas la peur de la mort,

Il y a le mot « enfer », celui

De la vie qui jamais ne luit.

Avant de pleurer d’être confinés

Ils devraient goûter le sort

Qui fait aimer et appeler la mort

Enfermés, séquestrés. Libres ? Jamais.

Cages aux balcons, zoos, labos,

Cirques… Bel oiseau aux barreaux

Pour tes geôliers, pleure crocodile

Ou pas du tout, mais de la pitié ? Inutile.

 

© Copyright Marjolaine PAUCHET

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