Jardin des plantes
Me voilà lundi 27 juin 2016 au Jardin des plantes de Toulouse et un besoin, écrire pour transmettre, ne pas oublier ceux qui ont pleuré.
Une grande île au milieu d’un lac à l’eau kaki. On y accède par quelques ponts.
Dans un enclos fermé aux humains, mais ouvert sur le monde et le lac aux canards et autres volatiles, deux pigeons mâles font la cour à leurs femelles qui ne semblent pas très intéressées par les avances de ces prétendants en goguette. Eux sont dépités, s’arrêtent, reprennent, espèrent toujours… Peut-être finiront-elles par se laisser convaincre. Çà et là, des canes font découvrir la vie à leurs rejetons.
Face à l’enclos, les cages de l’ancienne ménagerie, envahies d’herbes et d’araignées, leurs seuls occupants désormais.
De simples alcôves creusées dans la roche, une grille pour les fermer, un cadenas neuf. À peine plus grandes que les fauves qui y ont pleuré, au fil de leurs existences. Est-ce bien raisonnable d’avoir neuf vies quand on a pour toute perspective de passé, de présent et d’avenir 2m² et pas un de plus ?
Combien sont passés par là ?
En déambulant devant ces sombres tombes, le cœur se saisit d’effroi et de honte autant qu’il se réjouit de voir ces sinistres cimetières de vivants, vides, désormais.
Un papillon se pose à côté, rappelle la vie.
Il me semble voir des geôles de forçats. À ceci près que dans leur malheur d’hommes, ils pouvaient au moins se mouvoir. Leur sort, ici, m’en paraîtrait presque humain.
Des enfants passent et les pigeonnes, toujours, se dérobent.
Toulouse est une belle ville. Les pleurs des fauves dans ces réduits cruels y ont été depuis longtemps remplacés par les toiles d’araignées et les herbes sauvages pour qui les grilles n’ont pas d’importance. Elles passent, s’installent.
Une poule d’eau vient me voir. Un groupe d’enfants avec des accompagnateurs, “on respecte les animaux, on ne leur fait pas peur.“
Toulouse est une belle ville.
À Paris, au Jardin des plantes, des fauves continuent de pleurer.